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Sea yoU

Sea yoU

Un bateau nommé DÉSIRS... Voyages, aventures, humeurs, voiles, récits et photos


RANGIROA - TIKEHAU

Publié par Fabienne et Dominique sur 23 Avril 2021, 06:21am

RANGIROA - TIKEHAU

 

CONSEILS AUX MARINS

et

BONUS PHOTOS

à la fin de cet article

 

Nous avons un peu plus de vent que prévu pour cette traversée de 72 miles entre l’énigmatique et fascinante île de Makatea ( voir article précédent sur le blog ) et le mythique et gigantesque atoll de Rangiroa.

 

Nous allons trop vite pour nous retrouver vers les 10h du matin devant la passe.

En effet, Rangiroa ne possède que deux passes qui doivent vider ou remplir un lagon immense, alors il faut bien choisir son « timing » pour les franchir.

 

Si on ne respecte pas certains horaires de marée, cela peut être la grosse galère. Surtout si le courant est sortant car il rencontre les vagues et il y a un effet « mascaret » qui génère des vagues courtes et puissantes qui peuvent nous entraîner dans un rodéo dangereux.

 

Quand nous arrivons dans le chenal qui sépare l’atoll de Tikehau de celui de Rangiroa, je décide de freiner Sea yoU qui se sent pousser des ailes avec ce vent.

 

Je réduis la voilure au minimum syndical, pour gérer au mieux la distance qu’il nous reste à parcourir.

 

En arrivant juste devant la passe, Fab me dit:

 

«  c’est bien sombre là-bas »

 

«  oui on va se le prendre celui là » je lui réponds

 

«  tu crois que l’on peut essayer de rentrer avant qu’il n’arrive, on est tout près  » poursuit elle

 

« Trop risqué... si le vent monte et que la pluie s’y met, on aura plus de visibilité... en plus il y a le courant à gérer dans un endroit pas très large que l’on ne connaît pas.... cela fait trop...

On attend qu’il passe et on voit » lui dis je.

 

Bien nous en a pris, car quelques minutes plus tard, selon un rituel bien établi, c’est le vent qui est envoyé en première ligne à l’attaque des pauvres visiteurs que nous sommes.

Les rafales chargent comme la cavalerie de Napoléon et changent en un instant l’aspect de l’océan qui blanchit tout autour de nous, comme pendant la campagne de Russie.

 

En deuxième ligne, c’est la pluie qui lance son assaut. Elle utilise la puissance du vent pour venir nous frapper de plein fouet. Cela crépite sur le pont, les voiles, le bimini. Si l’on passe la tête sur les côtés pour s’inquiéter de ce qui se passe devant, les gouttes piquent le visage comme des aiguilles, on est obligé de fermer les yeux ce qui rend vain toutes tentatives d’observation.

 

Heureusement, ces minis tempêtes passent généralement rapidement entre 10 et 30 minutes, mais elles peuvent être redoutables si on ne s’est pas préparé à les recevoir.

 

Dès que le vent et la pluie sont passés, nous nous dirigeons vers la passe d’Avatoru qui est tout près de nous.

Mais la mer, elle, ne s’est pas encore calmée, et renforce une houle longue qui vient de très loin.

N’étant pas certain de mes horaires de marée, j’ai appelé, juste avant le grain, un club de plongée local pour qu’il me confirme le bon moment.

 

Nous sommes très légèrement en avance, mais cela suffit pour avoir un courant qui continue de sortir et avec la houle qui veut entrer, des vagues courtes et creuses sont toujours bien présentes au milieu de la passe.

 

Je décide d’y aller quand même, jugeant que Sea yoU est capable d’affronter ce passage difficile mais pas très étendu.

 

Un peu de rodéo dans ces montagnes russes liquides, et nous voilà en sécurité dans un lagon tranquille qui contraste bien avec l’océan.

RANGIROA - TIKEHAU

Il nous faut encore progresser une petite heure dans le large chenal du lagon pour arriver à Tiputa, dans la baie à côté de l’hôtel Kia Ora.

Nous jetons l’ancre en ce 29 décembre, un peu à l’écart des autres voiliers, afin de pouvoir mettre la quantité de chaîne que nous voulons et éviter sans problème.

 

 

Tiputa est un petit village, mais aussi la deuxième passe de l’atoll.

Elle est réputée internationalement pour ses dauphins qui ont trouvé là leur parc d’attraction aquatique. Ils s’amusent comme des petits fous dans les vagues creuses et courtes qui se forment quand l’eau sort du lagon.

Mais plus encore, ce sont les plongées aux requins, en apesanteur entre deux eaux, portés par le courant qui rentre qui ont fait la renommée de cette passe des Tuamotus.

 

Nous retrouvons par hasard, Angelo, un ami de St Barth, qui vient de vendre son Cata « Temptation » à un résident de Rangiroa. Il va pouvoir repartir aux Antilles pour en acheter un plus gros et faire du charter.

Passe de Tiputa

Passe de Tiputa

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

L’année 2020 se termine enfin...

Ce n’est pas sans une certaine jouissance que nous nous préparons à célébrer la fin de l’an covid 19 qui restera dans les mémoires de toutes les générations qui l’auront vécu.

Il y a bien longtemps qu’une année nouvelle ne soit attendue avec autant d’espérance, de souhaits et une envie folle de revivre.

Le premier confinement a fait naître un désir profond et sincère dans le cœur des gens, celui que rien se soit plus jamais comme avant.

Mais aujourd’hui, la peur s’est éloignée de la plupart des humains. La deuxième vague ne terrorise plus les esprits et les privations de liberté, le masque et le couvre feu lassent même les plus adeptes du discours officiel.

Alors, j’ai bien peur que ce désir de changements profonds ne se soit transformé aux fil des mois. Maintenant, le souhait le plus cher de tous est que tout redevienne comme avant.

 

 

C’est à deux sur notre Sea You que nous franchissons cet instant éphémère qui nous fait basculer de 2020 à 2021.

Repère temporel illusoire, inventé par les humains et qui nourrit le mental d’informations anxiogènes sur une fin annoncée.

Si nous n’avions pas ce décompte, nous pourrions vivre un instant présent permanent, libérés de cette emprise aliénante du comptage du temps.

Un peu comme les animaux qui ne se soucient guère des jours des mois et des années, ils vivent un point c’est tout.

Sans les outils que nous avons créés pour le mesurer, le temps existerait-il?

Est il un phénomène quantique qui n’existe que parce qu’il est observé?

 

Réflexions métaphysiques qui s’écartent un peu de ce récit mais qui me passionnent...

 

Revenons à cette soirée où nous avons même la chance extraordinaire de profiter d’un sublime feu d’artifice, tiré sur l’eau par l’hôtel, juste devant notre cockpit. ( nous comprenons mieux le prix exorbitant qu’ils demandaient pour la soirée, près de 500€ à deux, sans la boisson)

 

 

Pour nous, de l’autre côté de la terre, je dois avouer que nous sommes peu perturbés par l’hystérie planétaire qui sévit dans le reste du monde.

Nous décidons donc de partir en exploration du plus grand atoll de Polynésie.

 

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

Nous allons sur la côte sud de l’atoll vers un endroit appelé « L’île aux récifs ».

Il faut quelques heures de navigation pour traverser l’atoll du Nord au sud.

En arrivant, nous sommes le seul voilier et nous le restons pendant les 3 jours où nous explorons cet endroit très particulier.

Nous jetons donc l’ancre où bon nous semble.

 

Une partie de la barrière de corail s’est soulevée, il y a fort longtemps, et les vagues de l’océan ont déchiré, façonné, découpé, buriné, sculpté cet animal qu’est le corail, qui en mourant devient minéral.

 

 

La roche est devenue dentelle fine, acérée et tranchante, dans sa partie aérienne.

Mais elle est aussi douce, lisse, accueillante et sensuelle dans les creux des piscines naturelles qui se sont formées là où l’eau demeure et circule, projetée au dessus de la barrière par les vagues puissantes qui s’écrasent en fracas.

 

Nous nous baladons dans ce labyrinthe à la fois minéral et liquide , propice à la rêverie photographique et aux baignades insolites.

 

Les lèvres vertes d'un magnifique bénitier dans la baignoire

 

Le soir, juste avant que le côté obscur de la journée ne s’impose, il n’y a plus âmes qui vivent dans ce lagon perdu de l’atoll.

Seules les étoiles nous envoient leur faible lumière, épuisées par des milliards d’années lumière parcourus à grande vitesse dans l’espace. Elles écrivent sur ce gigantesque tableau noir, un message codé de l’univers, espérant sans doute que nous soyons capables de le déchiffrer un jour.

 

Nous repartons après le petit déjeuner du troisième jour par la route que nous avons empruntée pour venir. Nous sommes ainsi certain, qu’en lui collant au plus près, nous ne rencontrerons pas de patates affleurantes, mortellement dangereuses pour Sea yoU.

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

Une courte escale de 24h à Tiputa et nous levons l’ancre pour le motu Mahitu plus à l’Est sur la côte nord.

 

 

Nous sommes supposés y être mieux protégés de forts vents d’Est/Sud-Est qui sont supposés arriver. Les vents sont présents, mais la houle contourne la pointe sensée faire barrage.

Résultat des courses, le mouillage est moyennement confortable.

 

 

Le temps égrène tranquillement ses heures, tel u pop grec qui fait tourner les perles de son bracelet à prière.

Nous alternons le « snorkeling », les balades découvertes du motu et la recherche de trésors rejetés par la mer sur la barrière de corail.

 

En fait, c’est fou tout ce que l’on peut trouver. Cela va de la balise satellite des filets dérivants des pêcheurs coréens, à la vieille savate usée.

 

 

La mer vomit sur les plages tout ce qu’elle n’arrive plus à digérer.

 

 

Et pourtant ici, au milieu du pacifique sud, on peut dire que globalement la mer est encore bien protégée et propre. Nous sommes loin du continent d’ordures qui s’est formé dans le pacifique nord, résultant entre autre des différents tsunamis, et des courants qui poussent les ordures de l’Asie dans l’océan.

 

De retour à Tiputa, nous attendons une bonne fenêtre pour rejoindre l’atoll de Tikehau, à peine éloigné de 7 miles de Rangiroa si l’on calcule selon les côtes les plus rapprochées. Mais de passe à passe, il faut parcourir un bon 44 miles pour entrer dans ce nouvel atoll.

Recyclage artistique des déchetsRecyclage artistique des déchets

Recyclage artistique des déchets

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

C’est le 13 janvier vers 14h, après une approche délicate et tout en finesse que nous pénétrons avec précaution dans ce passage long et étroit, aucune résistance au milieu... Tikehau n’est plus vierge!!!

 

 

Il nous reste encore sept miles à parcourir à l’intérieur, pour rejoindre le village principal, Tuherahera, où nous mouillons en faisant confiance aux indications données par les cartes pour localiser les patates. Le lagon est sans dessus dessous à cause d’un vent soutenu, alors on ne voit pas grand chose...

 

Ce petit village simple, de style tradition moderne polynésienne est formé par 2 rues principales dans la longueur du « motu » et de quelques autres perpendiculaires qui les relient. Il y a trois petites épiceries, deux snacks, et une poste aux horaires très particuliers ( à vérifier une fois sur place).

 

Les épiceries sont quasiment vides, et quand on commande un poisson cru au snack, on nous prévient:

« ce sera sans tomate et sans concombre « pei » et au chou, il n’y a plus que cela « pei »... »

Et si on demande pourquoi,

«  le bateau, il est pas encore arrivé « pei ». Il devait être là il y a deux jours, on sait pas « pei » quand il arrive » nous répond-on.

«  si tu veux des fruits « pei », vient sur le quai quand il sera là... tu pourras « pei » en acheter plein »

(« pei » petit mot tahitien utiliser par certain de multiple fois dans une phrase pour en accentuer le sens)

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

Alors on attend le DORY, c’est le nom du bateau, qui est bloqué à Tahiti à cause d’un cas covid parmi les marins.

Puis un matin au réveil, on le voit arriver et accoster au petit port du village.

 

 

La jetée s’anime alors d’une effervescence peu commune. Toute l’île semble là.

 

Il faut dire qu’il y a deux sortes de bateaux de ravitaillement, ceux qui arrivent et déchargent leur palettes, pour les commerçants, entreprises et autre professionnels et s’en vont.

 

Et puis il y a le Dory, sorte de colporteur moderne des mers du sud.

Quand il arrive c’est la surprise de découvrir ce qu’il y a en stock....

Légumes et fruits sont en vrac dans leurs cartons respectifs.

Il faut d’abord faire la queue qui peut être longue devant une cahute, pour voir la liste de ce qui est disponible, passer commande et payer.

Tout est inscrit sur un vieux bout de papier, qui change de main et atterrit dans celle du chef d’orchestre de la distribution qui en contient déjà un grand nombre.

 

 

Commence alors une longue attente, celle de l’appel de son prénom.

C’est le moment idéal pour profiter du spectacle vivant de ce moment d’existence et d’échange collectif, attendrissant, parfois drôle et dans tous les cas toujours sympathique.

 

On est transporté dans le passé, dans la vie grouillante des ports d’antan, à l’époque où la plupart des échanges avec les contrées lointaines se faisaient là sur les quais des ports.

 

Je ne peux empêcher la rêverie de s’installer en regardant ce spectacle peu commun pour nous.

 

Les odeurs des épices d’Asie fraîchement débarquées des galions de sa Majesté dans le port de Marseille surgissent dans mon esprit...

Je peux goûter la saveur fruitée du rhum des Antilles à 60°qui coule de ce vieux tonneau de chêne noirci par les fonds de cale putrides des goélettes. A l’aller elles s’arrêtaient sur l’île de Goré au Sénégal, pour charger leur cargaison d’esclaves. Coupé avec de la mélasse et du piment cela devient un tord boyau servi dans les estaminets des pays du Nord où les filles ouvrent leur cœur et leurs cuisses aux marins de passage et ça sent la morue jusque dans le cœur des frites... dans le port d’Amsterdam... dans le port d’Amsterdam...dans le port d’Amsterdam...

 

Mon imaginaire s’emballe comme un taureau devant un troupeau de vachettes...

 

Mais comment pourrait il en être autrement quand j’ai sous les yeux le témoignage polynésien de la vie traditionnelle des ports du monde entier par le passé.

C’est un retour vers le présent... ( Marty McFly sort de ce corps...)

 

Une grosse voix à l’accent maori prononcé, lance soudain dans ce brouillard de sensations hors du temps un nom qui nous ramène justement à l’instant présent.

« Fabienne, Fabienne.. »

« Oui c’est moi.. » répond elle d’une petite voix, encore étonnée que cela soit à elle.. on pourrait presque oublier ce qu’on est venu faire là, tant on est absorbé par les images qui défilent devant nos yeux et dans nos esprits vagabonds.

 

On met alors un carton sur une vieille balance hors d’âge, et on entasse ce que l’on a commandé. Le maître du jeu qui est le seul à comprendre la lecture de cet engin de pesée, indique au fur et à mesure ce qu’il faut faire pour avoir à peu près son compte.

« 2 kg de tomates... prends en 10... encore deux, 5 concombres...enlève un... sers toi en pomme...et choisi une corde d’ananas....

« Ok c’est bon pour toi »

 

Et il appelle un autre prénom... et la vie continue sereinement dans ce minuscule endroit de la terre.

 

Nous avons reconstitué en partie nos réserves de frais, et pouvons envisager de poursuivre l’exploration de Tikehau.

RANGIROA - TIKEHAU

Nous décidons de partir vers 11H pour que le soleil soit assez haut et dans notre dos afin que le matelot à l’avant puisse repérer les patates de corail.

 

Je remonte l’ancre avec la télécommande, et soudain je sens qu’elle ne répond plus, elle continue inexorablement sans que je puisse l’arrêter... je sens le drame arriver...

 

La chaîne va remonter avec l’ancre jusqu’au bout, mais le guindeau va continuer jusqu’au moment où il va griller ou exploser ou tout arracher...

Il faut choisir la bonne option maintenant parmi toutes celles qui parcourent mon cerveau à la vitesse de la lumière.

Je hurle à Fab pour qu’elle m’entende car le vent souffle bruyamment...

«  descend et coupe le guindeau sur le tableau, Viiiiiiite, Viiiiiiite »

Elle se précipite en bas et éteint l’interrupteur.

 

OUF... La chaîne s’arrête enfin de monter, heureusement que j’en mets toujours beaucoup.

 

Je réfléchis un instant, et lui demande de faire un essai et de rallumer en restant à côté pour éteindre au cas où... et là c’est toute l’électricité du bateau qui s’arrête, on a plus du tout de jus nul part....

 

« Bordel de merde.... c’est quoi ce binz  » je ne peux m’empêcher le lancer à l’univers sous la forme d’une interrogation rageuse..

 

Bon encore une fois il faut réagir vite, je décide de relancer l’ancre et la chaîne en manuel pour nous fixer, car il y a pas mal de vent et plus beaucoup de chaîne maintenant, donc on risque de dériver et ce n’est pas bon.

 

« Qu’est ce qu’on va faire? » me demande Fab inquiète

 

«  je ne sais pas... il faut d’abord que je comprenne ce qui s’est passé.. » je lui réponds alors que mon cerveau est déjà en train de tout analyser.

 

Rapidement je découvre qu’un fusible auquel je n’avais jamais prêté attention pour je ne sais quelle raison, a grillé...

Ça c’est la bonne nouvelle, la mauvaise c’est que je n’en ai pas de rechange car celui-ci est très particulier et que je ne sais pas pourquoi c’est arrivé...

 

Je vous épargnerais le récit des heures qui suivent ou j’ai démonté et remplacé la télécommande et fabriqué un fusible de fortune.

 

Il est presque 14h quand nous pouvons repartir, malheureusement sans conviction sur l’origine réelle de la panne générale... Mais bon pour l’instant ça fonctionne.

RANGIROA - TIKEHAU

Nous n’allons pas très loin, car le lagon n’est pas cartographié, et l’attention de la personne a l’avant doit être intense pour soupçonner la présence de corail par différenciation de la couleur de l’eau. C’est un exercice qui est vite fatiguant et stressant.

Au préalable, j’ai fait une route en indiquant sur ma carte toutes les patates que je voyais sur les images satellites Ovitalmap.

 

 

Mais les yeux de lynx de Fab en repèrent deux que je n’ai pas vu sur les images et qui sont sur notre route, d’où l’importance de cette surveillance minutieuse.

 

Après 2 h nous mouillons dans un endroit appelé le « lagon bleu ». Certainement en référence au film du même nom avec la belle Brooke Shields. L’histoire de deux enfants qui grandissent seuls sur une île déserte paradisiaque après un naufrage.

 

Au premier abord le lieu est très joli mais ne semble pas plus exceptionnel qu’ailleurs.

C’est en prenant l’annexe et en se rapprochant que l’on commence à prendre la mesure de la beauté de l’endroit.

Des langues de sable blanc enferment un autre lagon avec des fosses naturelles où il y a assez de fond pour nager...

 

 

Mais je préfère laisser les photos exprimer la beauté du lieu au risque de vous empêcher de faire travailler votre imagination avec les mots.

 

Il n’y a absolument personne que l’on puisse déranger de ne porter comme seul vêtement que sa peau. Cela permet de mieux fusionner avec l’eau, le vent et le soleil...

Une fois encore ma passion inconditionnelle pour l’image me dévore tout entier, et mon modèle préféré depuis le commencement des temps se prête sublimement aux jeux...

 

Nous passons deux nuits dans ce havre de paix puis partons pour « le jardin d’éden »

RANGIROA - TIKEHAU
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RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

Cest une secte, l’église « Mont Thabord » dirigée par un taïwanais qui a donné le nom à ce lieu isolé du reste du monde. Ils se sont installés là sur un motu de Tikehau qui n’est accessible que par bateau.

Ils plantent des fruits et des légumes en agriculture bio pour être en autosuffisance alimentaire et pratiquent leur religion.

 

Mont Thabord de mon église...

 

Nous jetons notre ancre par 12 mètres de fond de sable près de deux autres bateaux, car nous avons pour mission de ramener quelques fruits et légumes à l’un d’entre eux, Timshel.

 

C’est une excellente occasion de faire la connaissance de Claude et Agnes.

Claude a construit entièrement de ses mains ce grand yacht en acier de 20m.

Ils ont eu une vie exaltante comme on les aime, de celles dont on sent l’aventure couler dans les veines, et dont on ne se lasse jamais d’écouter les récits.

 

Ils sont tombés en amour pour Tikehau, et depuis 30 ans, c’est leur camp de base, secondaire pendant qu’ils travaillaient encore, et principal maintenant qu’ils sont en retraite.

 

C’est grâce à eux que nous avons dégusté pour la première fois des « oursins crayon » lors d’une longue balade sur le récif.

 

 

Les jours suivants nous nous équipons de citrons, pour notre dégustation quotidienne... un régal...

 

Fab est ravie de trouver tous les jours une quantité impressionnante de coquillages « porcelaine » vides. Quand il y a la bête on les laisse, mais vides.... c’est trop tentant de les ramasser... et en plus ils sont magnifiques...

 

 

 

Lors d’une de nos promenades nous rencontrons « Vaitiare » qui vit dans un petit fare de tôles avec son « tane » (mari) et son fils « faamu » Ariihau  ( roi paisible) ( faamu = l’enfant de son fils qu’elle élève comme le sien, car lui ne veut ou ne peut pas l’élever lui-même, très très courant en Polynésie).

 

 

 

Je retrouve les ambiances des livres que je lis actuellement, Stevenson mais aussi la trilogie de la Bounty de C. Nordhoff et J.N. Hall.

Les ambiances, les décors, l’esprit, la mentalité, la façon de vivre et d’appréhender la vie... tout est là.

Nous sommes sur un îlot isolé, à plus de 2 h de bateau du village, dans une cocoteraie, une baraque sommaire au bord du lagon bleu pour unique abri.

 

Un trou dans le sol pour faire un feu qui servira à la cuisine, de la bourre de coco qui brûle le soir pour chasser les moustiques, un chien heureux d’accompagner ses maîtres dans toutes leurs activités et principalement la pêche.

 

 

Une vie simple, hors du temps qui coure et aliène les humains de la grande île de Tahiti...

 

Pas de télé, pas d’internet, ici la connexion c’est avec les éléments qu’il faut accepter et maîtriser sans vouloir les dominer afin de simplement vivre en harmonie avec tout ce qui vous entoure.

 

Mais eux n’ont pas conscience de cela, ils vivent leur vie de paumotu et c’est aussi simple que cela. Ils ne mentalisent pas leur vie, ils la vivent.

Cela fait énormément de bien de voir que cela existe encore sur la terre... et on aimerait que rien ne puisse jamais les rattraper de notre monde de fou, hyper connecté à tout, sauf à nous mêmes.

RANGIROA - TIKEHAU
RANGIROA - TIKEHAU

La dernière étape de ce périple se fera en partie sous l’eau.

Nous rejoignons un minuscule « motu » sur lequel subsiste encore les ruines d’une ancienne ferme perlière.

Mouiller là comporte des risques car les fonds aux alentours ressemblent à une toile d’araignée géante. Des kilomètres de filins encore maintenus par des dizaines de bouées, sur lesquels étaient accrochés des colliers de nacres perlières, tapissent les abîmes.

 

Jeter son ancre dans ce piège, peut être un enfer pour la récupérer.

On voit très mal ce qui se passe en dessous.

Nous mouillons suivant les conseils de notre ami Claude qui connaît parfaitement le lieu et « in chala »... En revenant à la nage du motu on constate qu’une bouée est à 2,5m sous notre coque. Comme j’ai mis beaucoup de chaîne on a reculé et on est juste à la limite...

 

 

Si l’on est venu ici, c’est que ce lieu est ce que l’on appelle dans le milieu de la plongée, une « cleaning station ».

C’est à dire un endroit où les raies Manta viennent se nettoyer en se frottant sur les coraux.

Le premier jour, les raies ont déjà fait leur toilette et nous ne verrons pas une aile à l’horizon.

 

Donc nous décidons d’y retourner le lendemain, mais tôt le matin au lieu de l’après-midi.

 

Dans cet espace immense, il n’est pas facile de trouver la porte de la « salle de bain » où les raies viennent se nettoyer.

 

Puis soudain, comme venue de nulle part, une énorme raie apparaît des profondeurs. Puis une deuxième la suit. On nage doucement vers elles... elles ne sont pas farouches et même plutôt curieuses.

Je plonge pour m’approcher, cela ne l’effraie pas contrairement aux raies léopard.

Et pendant plus d’une demi-heure nous allons jouer ensemble, je nage face à elles, passe en dessous, les accompagne au dessus... je suis à moins de 20 cm de leurs ailes majestueuses qui battent doucement l’eau pour se mouvoir avec grâce, souplesse et précision.

 

 

Si vous ne l’avez pas encore vu, vous trouverez ci dessous le lien de ma vidéo sur les fonds marins de Polynésie. La séquence sur les raies est plutôt vers la fin, mais ce petit film de 7 mn se laisse vraiment regarder en entier...

Nous récupérons notre ancre sans encombre, et naviguons avec prudence pour rejoindre un chenal balisé qui nous mène vers la passe et le mouillage du village des pêcheurs.  Nous mouillons là pour voir notre ami Renaud, qui est aussi à Tikehau et attendre la bonne heure pour franchir la passe.

 

Vers 17h30 nous franchissons la passe et une colonie de dauphins, vient jouer près du bateau. Ils font des sauts majestueux pour nous saluer, comme dans les films d’Hollywood, mais nous, c’est pas du cinéma...

 

J’espère que la prochaine fois que nous nous retrouverons sur ce blog, je vous raconterais, notre traversée entre Tahiti et Fiji.

Notre dossier a été envoyé à un agent sur place. Il doit être accepté par les autorités sanitaires locales, puis nous ferons un test et nous pourrons partir s’il est négatif bien sûr. Néanmoins il faudra en faire un autre en arrivant après environ 15 jours de mer car nous n’avons pas le droit de nous arrêter et seront surveillés avec notre AIS.

 

On espère que ce monde retrouvera la raison suffisamment vite pour que notre tour du monde en voilier ne finisse pas en galère.

 

Bon vent à tous

 

Sea yoU soon...

RANGIROA - TIKEHAU

Conseils aux marins

 

Rangiroa

 

Essence et gasoil.

Seule la station service à Avatoru peut vous en fournir.

De Tiputa si vous avez une bonne annexe c’est jouable d’y aller par la mer et de mouiller pratiquement en face pour y remplir vos bidons.

Sinon il faut y aller par la route, vélo, stop, ou location voiture selon la taille et la quantité de vos bidons.

 

Vélo

On peut louer des vélos à l’épicerie en face de la « supérette » à 200m du port de Tiputa. (1500Fcp pour la journée)

 

Argent

Il y a une banque Socredo à l’aéroport où l’on peut retirer de l’argent.

 

Gaz

Pas de recharge de gaz possible.

 

Snacks

Il y en a 2 agréables à Tiputa, l’un en face de l’autre près des quais du petit port. Ils ont chacun leur charme et leurs spécialités. Il y en a d’autres sur la route qui mène à Avatoru et dans le village mais nous ne les avons pas testés.

 

 

Ravitaillement

À Tiputa, le principal magasin est à environ 200m du port sur la route. En face il y en a un autre où l’on trouvera plus de fruits, de pain et de pâtisserie.

A Avatoru il y en a d’autres, certains peuvent avoir ce que d’autres n’ont pas.

 

Internet

Dans les deux snacks du port on peut avoir leur wifi.

Pas la peine d’aller au Kia Ora pour cela, ils ne veulent pas donner leur code.

Sinon il faut une carte Vini, un peu comme partout dans les Tuamotus et cela fonctionne bien.

 

Navigation

A l’île au récif nous avons mouillé sur sable, très bonne tenue 15° 14 028S - 147° 42 427W

Attention il y a une patate qui peut être dangereuse 15° 14 064 S - 147° 42 535W

 

Devant le motu Manitu, très bon mouillage sur sable 15° 03 724S - 147° 32 280W mais on peut mouiller presque tout le long du motu en surveillant la présence de patates.

RANGIROA - TIKEHAU

TIKEHAU

 

 

Essence gasoil gaz

Pas de possibilité de se fournir en gasoil, essence, ou de faire remplir une bouteille de gaz. On peut acheter du gaz, des grandes bouteilles de 13kg à la boulangerie.

On peut tenter un dépannage éventuel de carburant en sympathisant avec un club de plongée, qui aura assez de stock dans ses gros fûts pour vous en rétrocéder quelques litres.

Nous avons eu de la chance, d’être là le jour de l’arrivée d’une goélette de ravitaillement, qui amenait entre autre le précieux liquide, et en raison du Covid l’activité des clubs étaient au ralenti. En cas de grosse activité de plongée, ils ne pourront pas être toujours aussi compréhensif.

On peut aussi attendre l’arrivée du Dory voir sur le quai qui achète des fûts et trouver une entente avec ceux qui se font livrer.

 

Services

La poste ouvre juste quelques heures le matin, et on peut seulement y retirer de l’argent si on a une carte locale.

Pas de banque, donc prévoir suffisamment d’argent liquide pour le séjour.

 

Alimentation

3 petits magasins uniquement au village, avec juste le strict nécessaire. Un des 3 est aussi le boulanger, mais il faut commander et payer le pain à l’avance.

 

Au mouillage de l’Eden, possibilité de commander un panier garni selon les récoltes du moment, et aussi du pain, des Tshirts, de l’huile, du monoï.... quand il n’y a pas de crise Covid on peut visiter le lieu, mais en ce moment il vaut mieux téléphoner avant et voir avec eux. On récupère le panier sur la plage avec un masque...

 

Internet

Carte locale Vini sur votre téléphone, ou carte internet à l’heure au hot spot de la poste.

 

Restauration

2 snacks au village, un près du port, l’autre dans la première rue en long. Nourriture assez similaire dans les deux.

 

Navigation

 

Notre mouillage au village faire attention aux patates qui sont normalement cartographiées.

(15° 05 846S - 148°11 773W)

 

Au lagon bleu (15° 04 715S - 148° 09 269W) (pas cartographié).

 

Attention devant le jardin d’Eden, nous avons été surpris par une bouée de leur ancienne ferme perlière qui était à environ 2m de profondeur.( approximativement: 15° 00 641S - 148° 03 973W) Il paraît qu’il y en a d’autres. Il est préférable à ce niveau là de se rapprocher de la côte, et de passer pas très loin de la communauté, (2 à 300m) plutôt que de passer plus au large.

On peut mouiller facilement sur des fonds de sable avant et après la communauté.

 

De même près de l’ancienne ferme perlière eu face du village, là où l’on observe les raies manta, il y a pas mal de bouées et de lignes entre deux eaux, plutôt à 3 m de profondeur.

Mouiller relativement proche du motu pour éviter de jeter l’ancre dans tout ce fatras de cordages et de bouées, qui un jour vont remonter un peu plus certainement.

(15° 04 881S - 148° 13 445W)

BONUS PHOTOS

 

Pour le plaisir des yeux...

RANGIROA - TIKEHAU
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Un effet étonnant des conséquences des essais nucléaire dans le pacifique
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F
Encore mille mercis pour tes partages, réflexions et photos qui font toujours chaud au coeur et qui font qu'on se croirait à côté de vous. On vous embrasse. Fred
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V
Coucou les amis, magnifique , inspirant et precieux de partager un peu votre vie et celle de contrees preservees. Bon vent et calins.
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M
Toujours aussi passionnant et de haute qualité...
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M
Toujours aussi passionnant et de haute qualité...
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F
Merci Paul, fidèle parmi les fidèles. Bizzzz

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