Ensuite pendant presque 20 ans c'est "pétole" sur les activités nautiques.
Tout bouge beaucoup, retour en France(1989), changement d'activité(1990), travail sur soi, arrivée de notre fils Maui (1991), retour à Tahiti (1994), émigration au Canada (1997)...
Puis, un jour lors d'une méditation en 1999, une envie furieuse de traverser un océan émerge dans mon esprit. J'envoie cette pensée dans l'univers afin qu'elle se densifie et revienne vers moi dans le monde de la matière.
En 2000, l'univers commence à concrétiser ma demande. Je reçois un jour un coup de téléphone de personnes connues à Tahiti qui sont de passage à Montréal (Jean-marie et Romy). Ils ont eu mes coordonnées par des amis communs. Nous les invitons à souper le soir même. Dans la conversation, j'apprends que Jean-marie qui a un bateau à Tahiti, va partir en mission en Nouvelle-Calédonie. Son bateau, un catamaran de 60 pieds, AITO, qu'il fera convoyer vers Nouméa attend un mât après un démâtage en revenant de Hawai.
Je lui exprime donc mon envie de traverser un océan et il me dit qu'il n'y a pas de problème, quand cela se fera il pensera à moi.
Le temps passe, laissant le soin à cette pensée de continuer son chemin vers le monde de la densité. Nous rentrons en France en 2001.
Puis je reçois un appel de Jean-marie le 24 juillet 2002, il me dit: "si cela t'intéresse toujours, un skipper part pour Tahiti et le bateau partira le 29 juillet".
Branle bas de combat sur le pont, j'ai 5 jours pour trouver une place sur un avion pour Tahiti, réunir des affaires, organiser mon arrivée…
Tout se fait naturellement, mon père m'offre le billet, Fabienne accepte tout de suite d'assumer la gestion familiale des deux enfants, il reste quelques places sur un avion…
Quand les évènements doivent se réaliser tout se met en place naturellement comme par magie.
6 jours plus tard j'attéris une nouvelle fois sur cette île qui fait tant rêver TAHITI.
Une amie "Stéphanie" vient me chercher à l'aéroport avec son 4X4 Toyota. Je me souviens encore de cette sensation extraordinaire à l'arrière dans la plateforme du Pickup, je respire à plein poumon la chaleur moite chargée des odeurs de tiares et de frangipaniers et je suis heureux de la nouvelle aventure qui s'offre à moi.
Le lendemain, Christophe (un autre équipier pour la traversée) et moi allons accueillir à l'aéroport le Skipper, Serge. A partir de ce moment nous nous en remettrons entièrement à ses ordres car l'un comme l'autre n'avons aucune expérience à notre actif de navigation hauturière.
La traversée entre Papeete et Nouméa représente environ 2600mn (4800km).
Nous partirons le 29 juillet 2002 vers 10h30 et arriverons le 12 août vers 5h du matin. La traversée aura donc duré 14 jours, à une moyenne de 7,74mn/h.
Un moment magique qui me marquera intensément. Des images fortes s'impriment dans ma tête, des mémoires s'activent et se réactivent.
Il fallait que cette expérience continue… je savais que j'avais des lacunes alors en 2004 je fais un Stage de 15 jours à l'école de voile des GLENANS.
Puis c'est la rencontre en décembre 2005 au Salon Nautique de Paris de Jean-luc Van den Hedde. Il embarque des équipiers sur différents tronçons de son périple en Islande.
C'est ainsi que j'embarque en Juin 2006 sur ADRIEN II un Jeanneau Sun Odyssey 53, avec François, et Pierre pour un périple d'une vingtaine de jours.
Nous quittons les Sables d'Olonne le 11 juin et faisons escale en Irlande à Inishmore aux Iles d'Aran. Puis nous faisons route vers Heimaey aux îles Westmann. Sur la route nous essuyons une tempête force 9 à 10, ma première. Puis nous arrivons à Reykjavik le 26 juin après un trajet d'environ 1500mn.
Une belle traversée en pleine coupe de monde de football. L'ambiance des pubs et des bars était survoltée.
Une amitié est née avec Jean-luc, et c'est dans le décor du "petit journal Montparnasse" que nous avons fêté cette année 2014 les 10 ans de son record autour du monde à l'envers.
La route continue, et en 2008, Marcel et Micheline (de la famille par alliance) me demandent si je suis partant pour les accompagner un bout de chemin sur le RIDS (Le Rallye des Iles du Soleil). J'accepte tout de suite après en avoir parlé à Fabienne, car je vais être absent quelques semaines.
En octobre 2008 j'embarque donc à Madère sur leur magnifique DUFOUR 455 Grand Large "Minariacum III" (Le grand frère de "SEA YOU"). Nous rallions Ténérife après 3 jours de mer (260mn). Quelques jours sur place pour refaire de l'avitaillement, du tourisme, et nous voilà repartis pour Dakar. 9 jours plus tard (900mn) nous mouillons devant le palais présidentiel. Un peu de tourisme et je reprends l'avion pour la France, car la transat ne peut pas se faire avant début décembre.
C'est donc fin novembre que je rejoins le bateau à Mindelo au Cap Vert.
Nous quittons Mindelo le 2 décembre, mais après seulement quelques heures de navigation, nous sommes obligés de revenir sur Mindelo car nous avons une panne électrique majeure. Le retour de nuit fût épique avec houle et vent de face, mais c'était la bonne décision. Nous repartons donc avec deux jours de retard sur le reste de la troupe des 27 bateaux qui composent le rallye.
Très belle navigation, avec un bateau qui marche très bien. Passage de l'équateur et du pot au noir (la ZIC - zone intertropicale de convergence), pêche, cuisine, coucher de soleil et lecture rythment notre avancée. Après 2000mn avalés en 14 jours nous arrivons à Salvador de Bahia, heureux d'avoir fait "une TRANSAT".
C'est là que je m'arrête, après avoir fait au total 3160mn (5860km). Le bateau lui continuera le rallye pendant encore 4 mois, dont une remontée de l'Amazone, puis finira par rallier les Antilles où il est toujours aujourd'hui.
En Janvier 2012, c'est à la Martinique que Fab et moi retrouvons Marcel, Micheline et "Minariacum III" pour une délicieuse petite croisière découverte des Antilles.
Cela commencera à la marina du Marin, puis à Saint-Anne et sa plage magnifique, St Pierre et ses ruines, vestige de l'explosion du volcan, puis la Dominique avec sa nature sauvage, Les Saintes et sa baie extraordinaire, et enfin la Guadeloupe.
10 jours très tranquilles, avec des naviguations qui ne dépassent jamais 5 heures de voiles, mais avec un vent se renforçant bien fort entre les îles qui lève une houle courte et haute.
L'aventure continue, et en août de cette même année 2012, Hugues, un cousin Québecois, qui avait traversé l'année précédente des Antilles vers l'Europe, me demande si je serais intéressé de faire la Transat pour ramener le bateau aux Antilles. Bien sûr je réponds oui, une deuxième Transat sera une bonne expérience supplémentaire.
Je rejoins donc fin novembre 2012 à Mindelo au Cap Vert, Daniel, le propriétaire de cet Océanis 393 clipper appelé "MIKA", et Hugues qui fait parti de l'expédition. Je retrouve cette île avec plaisir, rien n'a vraiment changé, excepté une sorte de petite supérette qui facilite bien l'avitaillement, même si le choix est quand même assez restreint.
Nous quittons Mindelo le 30 novembre, et bien sûr après 2 heures de voile la manille de drisse du génois lâche, et nous devons revenir sur la marina pour réparer. Bis repetita.
Heureusement la réparation est assez rapide cette fois et nous pouvons repartir le jour même.
La traversée sera assez mouvementée les premiers jours, à cause d'une grosse dépression plus au nord qui nous envoie une mauvaise houle croisée, qui nous enverra au tas.
D'autres petits incidents viendront pimenter la traversée, café sur clavier d'ordinateur qui le met HS..., pompe de gasoil rebelle, batteries un peu essoufflées et pour finir trois jours de pétole totale. C'est donc en 18 jours de mer que nous parcourons les 2100mn (3900km) qui nous séparaient de la Martinique.
Les T-punch reconfortèrent les marins assoiffés.
Pour terminer cet historique de presque 30 ans, il me faut mentionner en Février 2014 ce stage MACIF, à dominante manoeuvre de port.
Pratiquant essentiellement depuis pas mal d'année le BDA (bateau des autres), je me sentais un peu hésitant sur le maniement dans un port d'une bête de plus de 12m de long.
C'est donc chez MACIF que j'ai trouvé le stage idéal pour moi, puisqu'il se faisait sur un DUFOUR 410 tout neuf. (Le bateau qui remplace le 405).
En février en pleine période des tempêtes, nous avons eu 30 à 40nds tous les jours, et cerise sur le gâteau, le dernier jour en revenant de la Trinité pour retourner dans le golfe de Morbihan nous avons essuyé la tempête Andréa. Nous avions 50nds constant, avec raffales à 74nds... ( ma deuxième tempête). Nous n'avions plus qu'une trinquette arisée à l'avant, et il n'était pas facile de tenir le bateau et de se tenir sur le bateau. La vitesse du vent faisait décoller l'eau à la surface de la mer...
Une très bonne expérience que j'espère ne pas renouveler avec notre "SEA YOU".