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Sea yoU

Sea yoU

Un bateau nommé DÉSIRS... Voyages, aventures, humeurs, voiles, récits et photos


Mars et ça repart (Part 1 et 2)

Publié par Fabienne et Dominique sur 15 Mars 2015, 17:25pm

Mars et ça repart (Part 1 et 2)
Mars et ça repart (Part 1 et 2)
Mars et ça repart (Part 1 et 2)

Il est 6h, la sonnerie de notre iPhone déchire le silence de notre cabine encore dans le noir. Nous ouvrons un œil, puis un deuxième, pas le temps de paresser au lit ce matin.

Je me lève en premier et me lance dans la préparation du breakfast. En attendant que l'eau arrive à ébullition dans la bouilloire, j'ouvre l'iPad pour vérifier la météo.

Il fait 4°, pas le moindre vent annoncé pour toute la journée, et du brouillard qui s'installe pour une partie de la matinée. Je regarde à travers un hublot et mes yeux confirment ce que je viens de lire. Un halo diffus entoure les réverbères qui se reflètent dans le miroir de l'eau du port, le pont est détrempé par la condensation, un vrai temps de Bretagne...

Nous décidons de partir quand même, après une petite hésitation à cause du brouillard. Mais bon, nous venons d'installer un radar que nous n'avons pas encore pu essayer, c'est donc le moment idéal.

Collants et polaires sont indispensables sous nos salopettes et vestes de quart, mais aussi bottes et bonnets pour affronter la sibéditerranée. Le jour se lève vers 7h, et nous jetons les amarres sur un ponton silencieux et encore endormi.

Sea You franchit la ligne symbolique des faisceaux rouges et verts de l'entrée du port, on ne voit pas à plus de 50 mètres. En quelques minutes nous perdons tous nos repères. Notre lecteur de carte devient l'unique lien avec une réalité qui a disparu. Nous flottons dans un rêve de coton blanchâtre...

Par moment le nuage qui nous entoure s'épaissit plus encore, et le seul moyen d'éviter les pièges ( piquets de casiers, balises...) et les bateaux qui partent à la pêche, est de scruter l'écran radar. La Bonne Nouvelle c'est que l'on constate très vite que même les petits poteaux avec un flotteur en bidon plastique font un écho sur notre écran... On peut donc espérer qu'un petit bateau de pêche, ou un super tanker seront eux aussi bien visibles.

Et puis d'un seul coup, après 3 heures de navigation nous sommes sortis du nuage, le soleil s'est mis à briller rendant la vue aux aveugles que nous étions devenus. Nos yeux ont retrouvé leurs repères, l'horizon d'un côté et la côte de l'autre.

Le vent lui, beaucoup plus fainéant, est resté couché, ne se levant qu'en fin de journée. Il faut dire que quelques jours auparavant il avait fait une sacré bringue dans le port. Il dansa toute la nuit au rythme des rafales à plus de 48 nœuds, enivré par une dépression et défoncé à l'anticyclone.

La gueule de bois vélique qui suivit nous permit de terminer calmement l'installation de notre enrouleur de trinquette, de réarmer totalement le bateau, et de fêter l'anniversaire de FAB.

C'est donc bercés par le ronronnement du moteur que nous avons poursuivi notre route vers un des ports de Marseille celui situé sur l'île du Frioul. Une excellente occasion en fait, pour calculer précisément la consommation de notre moteur à une allure de 2100t/mn et une vitesse d'environ 8nds. En effet ma jauge est très capricieuse, et je ne peux pas me fier à elle. Il faut donc faire une estimation en heure/moteur.

C'est vers 16h que nous sommes rentrés dans la passe de ce gros caillou en face de Marseille avec vue sur "la bonne mère" (Notre Dame de la garde). Nous n'avons pas osé aller au vieux port, car il paraît qu'une sardine en bouche l'entrée...

Le lendemain, après avoir fait un plein à prix d'or (1,70€/l de gasoil), mais obligatoire pour mon calcul de consommation, nous avons repris notre navigation vers les célèbres calanques entre Marseille et Cassis...

Nous nous sommes baladés aux pieds de ces forteresses de pierre aux teintes multiples, ciselées par le temps. Pour terminer nous sommes entrés dans la célèbre calanque de port Miou où il est possible de mouiller sur bouée, adossé à la falaise.

Enfin nous avons mis le cap sur Bandol que nous avons rejoint vers 16h. Nous y sommes restés 2 nuits. Le soleil était de la partie et nous avons redécouvert cette charmante station balnéaire bourgeoise dans laquelle nous nous étions arrêtés juste pour la nuit l'an dernier pendant notre recherche de bateau.

Jeudi matin nous avons repris la mer vers 10h, direction l'île de Porquerolles. Nous n'avions que 24 miles nautiques à courir, mais, car il y toujours un mais, si nous avions enfin du vent, il était juste dans le pif. Donc on a tiré des bords pour faire la route.

Arrivés aux abords du cap Sicié vers 12 h, nous venions juste de planter notre fourchette dans une succulente salade de pâtes quand mon regard qui continuait de scruter l'horizon, aperçu un troupeau de moutons en furie qui se précipitaient vers Sea You. Immédiatement la décision fut prise de refermer nos gamelles et de partir à la manœuvre. " on enroule le génois et on sort la trinquette..." , " on réduit la grand voile, on prend 2 ris"... Les moutons sont sur nous, l'anémomètre passe de 13nds à 24nds en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Nous réglons nos voiles et filons à plus de 8 nds sur un bateau parfaitement confortable.

Nous sommes ravis de notre trinquette sur enrouleur à sangle qui a permis une manœuvre sûre et rapide.... Nous relâcherons un ris et donnerons à nouveau du génois par la suite tout aussi facilement... Un vrai bonheur...

Nous arrivons à Porquerolles vers 17h15, la capitainerie est déjà fermée, alors nous choisissons un emplacement sur le ponton F.

Nous avons prévu de rester 3 jours sur l'île car il paraît que c'est un petit joyau. La météo nous annonce du beau temps pour les 2 jours à venir, par contre une dépression et un gros coup de vent sont prévus pour dimanche. Dès le vendredi matin nous partons donc en exploration de l'île mystérieuse pour nous. Ce joyau s'avère être un collier de perles et de diamants posé là sur l'écrin bleu de la mer Méditerranée.

Notre découverte de ce bijou consiste donc à suivre des chemins sauvages qui suivent la côte ou traversent les terres, pour nous extasier à chaque détour sur cette sauvage beauté des lieux.

Le samedi soir nous avions sillonné la moitié de l'île.

C'est vers 20 h que le dieu Eole décida de refaire une méga bringue dans le port de Porquerolles avec en bonus un feu d'artifice d'orages. Nous avons préparé Sea You en renforçant les amarres et répartit les pare-battages.

Nous sommes maintenant dimanche, il est 16 h, et la fête continue. Nous venons d'enregistrer une rafale à 56 nds, le bimini de notre voisin d'en face a explosé, les bateaux s'inclinent dans tous les sens comme des culbutos, le vent hurle dans les haubans, les drisses claquent sur les mats.

Je monte sur le pont régulièrement pour vérifier que tout est en ordre... FAB vient de nous faire une infusion de citron gingembre... Tout va bien...

On espère encore pouvoir partir demain matin vers 7 h, car le vent d'Est nous porterait tranquillement vers Marseille s'il faiblit dans la nuit.

( comme nous avons du mal à faire passer les photos avec notre connexion internet, je les mettrais plus tard en finissant le récit de nos aventures)

Anniversaire de Fab et soirée restoAnniversaire de Fab et soirée resto

Anniversaire de Fab et soirée resto

L'envol
L'envol

L'envol

Nous
Nous
Nous

Nous

…. LA SUITE...

Je recherche donc sur internet un site qui serait susceptible de m'informer sur la situation météo de Porquerolles. Je tombe sur Météo-marine.com, un site qui synthétise une multitude de références météo. Une de celles-ci est Windfinder, qui nous dit qu'à 22h la tempête s'arrête… Je suis un peu sceptique vu l'incohérence chronique des infos sur le vent en méditérranée. (surtout en prévisions locales)

Mais comme par magie, à 22h10 le dieu Eole débranche la soufflerie et en moins de 2 minutes le vent tombe complètement et le calme revient sur une marina épuisée par 24h de tumultes.

Je suis littéralement snobé par la précision de cette prévision… des religions sont nées pour moins que cela. Moi-même, spirituellement athée devant l'Eternel, suis prêt à devenir un adepte fanatique de la secte "windfinder". Les vents annoncés pour le lendemain m'apparaissent maintenant comme les tables de la loi à Moise. 10 à 15 nds au portant, avec de belles éclaircies… Le rêve!!!

C'est donc empli par la divine certitude d'une nonne qui vient de faire ses voeux, que confiants nous prenons la mer en direction de Marseille en ce lundi matin. L'étrave de "Sea You" venait à peine de franchir la bouée verte à bâbord en sortant, qu'à quelques encablures on pouvait observer une masse grise qui avançait sur les flots, significative d'une pluie drue qui se déverse généreusement. Le temps de lever les voiles et nous voilà sous une douche froide que nous n'avions pas pu prendre ce matin. Je ne savais pas que les dieux étaient aussi pointilleux sur l'hygiène des marins.

Nous prenons notre cap au 281° quand nous entendons le chuintement de la radio VHF sur le canal 16. Une voix dénuée de tout sentiment humain nous invite à la rejoindre sur le canal 80 pour un bulletin météo spécial de sécurité, un BMS comme on dit dans le monde de la mer.

C'est juste un avis de coup de vent de force 8 entre St Raphael et la Ciotat qui doit arriver vers 11h. Pile poil sur notre route. Le bulletin tourne en boucle pour être certain que personne ne le loupe.

Si on presse la voile et un peu le moteur, on devrait passer la Ciotat vers 11H30.

J'avais certainement donné un peu précipitamment ma confiance à ce "windfinder", qui m'a trahi à la première occasion. Je m'empresse donc de la récupérer pour le prochain diseur de bonne à vent ture.

La mer est chaotique, elle nous balance dans tous les sens comme un mauvais manège dans une fête foraine à petit budget. On grignote, on suce, on boit… il faut garder l'estomac en action pour qu'il ne tourne pas à vide… c'est le secret...

En début d'après-midi on aperçoit notre Dame de la garde qui surveille la baie de Marseille du haut de sa colline. Cette fois, les dieux considèrent que nous devons nous purifier pour entrer dans la cité phocéenne, alors ils nous arrosent d'eau qui doit être bénite par la déesse des salles de bain… Quelle douche!!! C'est dégoulinant que nous accostons sur le ponton de la capitainerie qui vient nous accueillir et prendre nos amarres.

Cette purification quasi mystique était certainement nécessaire pour aller à la rencontre de gens qui ont croisé notre chemin par le passé et que nous retrouvons avec un immense plaisir.

C'est Martine qui sera la première à réactiver les mémoires d'un passé chargé de bons moments. Fab ne l'a pas revue depuis la terminale. Leur histoire se reconstruit au fur et à mesure que les souvenirs refont surface.

Le lendemain c'est Marieline, notre voisine à Camon il y a quelques années de cela qui vient sur le bateau et nous présente Philippe. C'est autour d'un excellent repas servi au cercle du CNTM qui nous brassons passé et présent dans une ambiance toute maritime et fort agréable.

Enfin en fin d'après midi, nous retrouvons Vaea. Une amie de notre fille Mangaia quand nous vivions à Tahiti. Nous ne l'avions pas vue depuis 18 ans. En quelques heures elle réussit à partager avec nous, les sentiments profonds d'attachement qu'elle a pour cette ville en nous balladant autour du vieux port. Un peu déçue de ne pouvoir nous en montrer plus, elle attend notre prochaine visite pour continuer notre apprentissage de ce lieu chargé d'histoire.

Le lendemain nous repartons à Port Camargue comme nous étions venus il y a 10 jours, abandonnés à notre sort par Eole que je soupçonne d'être maniaco dépressif.

Le lendemain nous étions aux premières loges pour admirer pour la première fois dans notre existence une éclipse solaire...

Bon vent à tous…

 

Martine - Marieline et Philippe - VaeaMartine - Marieline et Philippe - VaeaMartine - Marieline et Philippe - Vaea
Martine - Marieline et Philippe - VaeaMartine - Marieline et Philippe - Vaea

Martine - Marieline et Philippe - Vaea

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Commenter cet article
B
Tom utilise toujours windguru pour analyser les vents: hyperfiable.<br /> Mon père au Touquet est devenu un fan du site ( faut dire que c'est un grand marin)<br /> Bisous. Ici boulot, crevée, boulot, crevée!!
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F
Oui, windguru est bien comme les autres mais en Atlantique pas en méditérrannée<br /> bises
M
Courage c est bon pour la formation de FAB heureusement vous etes super equipé<br /> vivement la navigation sous les tropiques!!!<br /> gros bisous
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F
Sous les tropiques c'est les cyclones... Bises
A
Quelle belle prose...un plaisir de vous lire. Bon vent! :). Et joyeux anniversaire a Fabienne. Xoxo. A
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F
Merci Agnes, bises Fab
M
C'est toujours un tel plaisir de vous lire!!!!!!'<br /> Merci...
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F
Sympa votre récit <br /> On pense bien à vous 2<br /> Bises FX et Nadine
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F
Merci... Il doit faire meilleurs à l'île Maurice...<br /> Bises à tous les deux
M
Tenez bon, ça va passer. En attendant, le bar du Yacht Club (l'Escale, je crois, mais je suis pas sûr) sert de très bons mojitos.
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F
Merci pour ton soutien, mais on peut même pas aller à l'escale sans risquer de s'envoler...

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